WORK -LIFE PASSAGE

À un jet de pierre du bureau, près d’un petit carrefour fréquenté, sans feux de signalisation, au cœur du quartier européen de Bruxelles, il existe un petit trou dans le bitume. Il est entouré par trois barrières et recouvert d’un couvercle grand comme une enjambée. Des barrières métalliques identiques à celles utilisées lors de manifestations, afin de contenir les manifestants, les curieux et les touristes dans la bonne voie, incitent que les passants à le contourner spontanément. C’est une construction qui attend des travaux de réparation depuis bien longtemps. Si longtemps qu’un arbre à papillons d’un mètre de haut y pousse. Délicatement enraciné dans le peu de terre qui entoure le trou, avec la grille métallique pour tuteur.

Durant les journées d’automne, lorsque le soleil est déjà bas dans le ciel, il expose ses dernières fleurs mauves, attirant ainsi les derniers papillons. Un petit coin de nature indomptable qui rend la terrasse, ses trois tables et quelques chaises, attrayante en ce carrefour trépidant.

Des jeunes femmes aux jupes colorées y flânent et s’y installent pendant la pause déjeuner. Les yeux grands ouverts, elles scrutent en détail à la fois Facebook et les passants, espérant pouvoir saluer leur patron. Tandis qu’elles grignotent des bouchées de salade et autres crudités, elles bourdonnent dans des langues étrangères, excitées par leurs projets qui offrent encore tant de perspectives, en dépit des ombres qui s’allongent.